Etre intersexe
Quand une minorité de la population est mise de côté. Quand elle est considérée comme anormale, malade, indéterminable. Et c’est seulement parce qu’en fait on a classé des personnes par leur sexe, juste les réduire à cette portion du corps. C’est dommage, la personnalité peut être différente, mais aussi plus complexe car c’est physique comme pour les hermaphrodites.
Une personne sur 100 000 est réellement concernée, le pseudo-hermaphrodite c’est une personne sur 4000. Vous l’êtes peut-être et vous l’ignorez.
Plusieurs cas de figures
Selon le stade de découverte, et cela va depuis le stade fœtal à l’âge adulte, être à la fois homme et femme pose un problème dans cette société moderne, où c’est noir ou blanc, le bien contre le mal. Jamais un mélange de gris, alors qu’il existe toute une palette de dégradés.
Etre hermaphrodite ou intersexe, terme plus moderne peut éventuellement être vérifié au stade fœtal, dû à un problème des glandes situées au-dessus des reins de la mère qui produit trop d’hormones masculines. Cela imprègne alors les filles.
Garçons comme filles sommes identiques au premier stade du développement dans la matrice. Et oui, il n’y a rien de plus vrai que de dire que l’homme est une femme comme les autres. Les lèvres poussent et les testicules descendent (d’où la vérification toute votre enfance messieurs à ce que vos boubourses soient bien vers le bas, au cas où). Le clitoris a beaucoup de similitudes avec la verge qui en fait pousse vers l’extérieur.
Il existe aussi une vérification à la naissance à ce que le clitoris ou les lèvres des filles ne soient pas trop gros, ou le vagin obturé. En cas de doute, on va déterminé non pas pas F ou M, mais un X, terme de la grande inconnue en maths. Quelle galère pour le monde hospitalier à faire ce choix cornélien : sexe non déterminé.
Longtemps, le médecin force la main aux parents selon la seule apparence de ce qu’il y a entre les jambes du nouveau-né à aller dans un camp ou l’autre et de faire rapidement opérer. Au plus proche visuellement entre les jambes avec une petite préférence pour les garçons préfabriqués…. Alors qu’il est chirurgicalement plus aisé de créer une cavité pour créer un vagin, plutôt qu’une verge fonctionnelle. Pas de conseils pour une prénom mixte : non du tout. Mais une bonne vieille éducation bien genrée.
Il arrive aussi que cela intervienne lors d’un retard de puberté : une fille qui tarde à devenir jeune fille comme on dit. Ou un garçon qui ne mue ou ne se virilise. On investigue, on scrute, on prend du sang. Le couperet tombe : un génotype d’un garçon-fille ou d’une fille-garçon. Ou bien souvent c’est une panne hormonale, les enzymes sont incapables de produire les hormones mâles ou femelles en quantité suffisante.
Et souvent, commencent le mot stérile et autres joyeusetés du genre. Car si on vous ôte ce qui est fonctionnel c’est foutu. Les gonades peuvent aussi être toutes deux présentes, ou bien « fondues » entre elles.
On peut aussi avoir grandi jusqu’à l’âge adulte en étant un peu plus fin et sensible, ou bien baraquée comme la skieuse des JO de 66. Puisqu’elle a gagné, on va gentiment vérifier qu’elle ne se soit pas dopée : en fait non, elle est juste il, mais ça fait chiffon. Il doit rendre sa médaille et la rendre pour raison personnelle, non médicale officiellement, vacances frais compris prises en charge, évidemment…. Il fait sa retraite du monde sportif, un changement d’état civil et s’aligne à son génotype XY. Il devient père, et sort de son trou dans les années 80. Un vrai scandale éclate ! Journaux télévisés, bouquins, magazines relatent son histoire. Combien de femmes, combien d’hommes ont dû écarter les jambes et se faire fouiller pour vérifier un appareil génital au lieu de laisser les individus correspondre à leur sensibilité.
C’est en ça que l’intersexualité diffère de l’intergenre. On peut aussi se sentir homme et femme à la fois sans aucun caractère sexuel anatomique, génétique, physiologique ou encore psychologique patents ou dysfonctionnels.
Vous imaginez bien le carnage quand bébé on a choisi garçon et que tout a été mis en place ainsi, et des fois les parents vous l’ont caché et que vous vous sentez fille, ou les deux, à renfort de chirurgie, d’hormones et d’éducation bien typée, parce que c’était bien, c’était ce qu’il fallait faire. Je ne blâme pas les parents, on fait ce qu’on peut comme on dit, et on ne dit pas la fréquence de l’hermaphrodisme et du pseudo-hermaphrodisme : une naissance sur 4 000, c’est souvent donc. Ramené à la population de la France, il y a donc environ 17000 personnes concernées. Si vous êtes intersexe, vous n’êtes pas seul(e), vous n’êtes pas une anomalie. La nature ne se trompe pas.
De nos jours, le corps médical accompagne mieux, et c’est tant mieux : accompagnement des parents et de l’enfant, plus d’opération inutile avant l’âge de choisir, plus d’urgence, on retarde la puberté au besoin. Et la société évolue aussi se rapprochant de l’éducation des pays nordiques : la moins genrée possible.
Personnellement, je ne le regrette pas de l’avoir fait pour mes enfants, et pour cause : j’ai mon aîné qui est non pas intersexe mais non-binaire. Et je le remercie de m’avoir fait confiance pour que je l’accompagne dans son parcours.
Du tabou au casse-tête administratif
En France et comme dans beaucoup de pays occidentaux, on est un peu beaucoup à la bourre pour éviter le casse-tête administratif pour ce cas de figure précis, mais aussi pour changer son état civil.
Vous savez sur votre numéro de sécu ? 1 Tu es un garçon, 2 tu es un fille.
Mince comment on fait quand la personne est… les deux ? On met 3=2+1, on met 1,5=3/2 ? On met X ? On met la tête à Toto ? On change le système de numéro INSEE pour un chiffrage neutre comme dans d’autres contrées ?
On a mieux prévu l’immatriculation des personnes arrivées sur notre sol comme les étudiants que ce cas de figure.
Et encore ça s’est arrangé pour le changement de prénom. Bah oui, ça arrive souvent qu’on n’aime pas son prénom ou que ce n’est pas dans l’air du temps : Zoé Renault, ce n’est pas génial dans les années 2000 en primaire, ça laisse des séquelles. Ou j’aurais compris un de mes voisins qui se nommait Bernard Bernard. Ou le copain de classe qui s’est fait surnommer l’extra-terrestre ou numéro 7 : David Vincent !
Ou le nom de mariée ne va pas avec le prénom…. Ou une belle carrière artistique. Les démarches sont donc plus facilitées avec des témoignages et des preuves de l’usage du prénom dans la vie quotidienne.
Mais devoir modifier un 2 en 1 à un moment de sa vie, est rude, et hyper long. Les personnes concernées doivent passer devant la cour, preuves à l’appui pour ne pas se faire rabâcher madame quand on est monsieur ou vice-versa. Mais quand on se sent les deux, rien n’est encore moins prévu.
Comme si toute la société forçait les gens à devoir choisir : une belle partie se sent à la fois femme et homme. Et effectivement, dans nos manières, nos caractères, nos prises de décisions, on a tous et toutes une part féminine et masculine : c’est sain de le reconnaître. Et ce serait sain pour notre monde de revenir à cette non pas ambiguïté mais cette ambivalence que la nature a prévu dans le monde végétal et animal dans toute une variété, jusqu’à l’auto-fécondation, ce qui n’est pas possible chez les mammifères.
Se rapprocher des dieux
Dans ce qu’on considère comme cultures archaïque ou ancestrale, et ça se perpétue encore dans les îles du Pacifique, il existe plus que deux genres : entre 5 et 10 selon les cultures. Et c’est une richesse, une preuve d’ouverture, d’acceptation d’emblée de la diversité de ce que donne la nature, ou les Dieux, surtout sur base animiste et polythéiste.
Les Sioux choisissaient le sexe de l’enfant indifféremment de son appareil génital, comme « esprit » dans ce corps. Plus tard l’enfant a le droit d’évoluer, mais il est élevé dans la petite enfance dans ce choix parental.
En France jusqu’au début du 20ème siècle, garçon et fille portent les mêmes tenues et ont les mêmes jeux jusqu’à la pré-puberté, laissant une certaine aisance mine de rien. Et il existe les costumes traditionnels. Longtemps on cultive une certaine harmonie dans la coquetterie, les personnes atypiques ont malgré ce qu’on pense et ce qu’on dénigre : le cirque pour trouver place dans la société. Le femme à barbe qui avait une surproduction de testostérone, ou un déficit d’hormones féminines…. Le monde intellectuel ou artistique laissaient la possibilité à ces « fantaisies » : orientations sexuelles, caractères forts, excentricité, neuroatypie, intergenre et intersexe, pouvaient s’exprimer comme Frida Khalo qui appréciait s’habiller de façon masculine. Bref une place pour des minorités, majoritaires dans ces milieux.
Aphrodite déesse de la beauté et de la fécondité s’accouple avec son frère Hermès (le plus beau) et donne naissance à un dieu mi-féminin, mi-masculin : Hermaphrodite dont j’ai vu la représentation au Louvre. Les visiteurs qui n’étaient pas au courant étaient affolés allant du pile au côté face.
Dans L’Antiquité, les intersexes étaient presque des divinités, envoyés sur terre pour les prophéties. Souvent stériles, on ne doutait pas de leur virginité sacrée en gage de chasteté.
Que ce soit dans le passé, le présent ou l’avenir les personnes intersexes existent. Les ignorer c’est ignorer notre humanité et sa diversité.
Certaines ont besoin de revendiquer, d’autres de reconnaissance, et d’autres encore, malheureusement de réparation face aux traumatismes subis par la machine à broyer.
Vérifiez, si vous êtes concerné(e), de la proximité d’une association de soutien, ou bien de revendication dans le monde LGBTQIA+.
En cas de besoin pour vous conseiller en toute bienveillance dans le cadre d’un changement de style vestimentaire pour aligner votre personnalité à votre style vestimentaire, je peux vous accompagner sur un trimestre avec Image de Soi.
Miom marci moman